Le Cortège d’Orphée voit le jour en 2013 sur l’impulsion d’Anthony Lo Papa, autour d’un projet simple : remettre en question la forme du concert en s’appuyant sur les œuvres elles-mêmes. Ensemble à géométrie variable, il réunit des artistes autour des préoccupations que sont le contexte des œuvres, leur signification, l’évolution des publics. Les productions s’inscrivent dans un rapport scénique, au service du sens, du propos des œuvres. Ainsi, de nombreux projets intimistes sont accompagnés de surtitres et d’un environnement spécifique (Les Amours du Poète, Office des Ténèbres, Chants de guerre et de paix…) et des productions plus ambitieuses comme Via Crucis, Ecce Homo ou Histoire de la Passion sont mises en espace et associent comédiens, danseurs et musiciens.
Le Cortège d’Orphée défend une pratique de la musique dans laquelle la performance retient moins l’attention que l’émotion distillée par l’œuvre, dans laquelle le succès n’est pas lié au prestige, dans laquelle l’amour de l’œuvre, l’envie de la servir et de partager cette expérience avec le public sont primordiaux. Le Cortège d’Orphée est le sous-titre d’un recueil de trente courts poèmes publié en 1911 par Guillaume Apollinaire et mis en musique par Francis Poulenc. « Si l’on mettait sur ma tombe “Ci-gît Francis Poulenc, le musicien d’Apollinaire et d’Éluard”, il me semble que ce serait mon plus beau titre de gloire ».
Le Cortège d’Orphée est né après un (bon) concert de la Belle Meunière de Schubert. Malgré tout le temps passé à réfléchir à la dramaturgie, toute notre ferveur mise au service du meunier et de son destin malheureux, les retours du public tournaient autour de la voix, du son, de l’exécution, de la technique. Nous qui avions cherché du sens, nous aurions préféré parler de l’oeuvre et de comment elle avait touché les gens.
Nous avons réfléchi : n’était-ce pas le cadre lui-même du concert qui obligeait le public à son insu à une écoute de la forme plutôt que du fond ?