Les offices des Ténèbres de la Semaine Sainte ont constitué, de la Renaissance à la Révolution, l’un des temps les plus fascinants de l’année liturgique en France. Au fil des lamentations du prophète Jérémie, les quinze cierges d’un chandelier représentant les douze apôtres et les trois Marie s’éteignaient un à un, pour symboliser le Christ abandonné dans son agonie. Les ténèbres retombent sur l’église au fur et à mesure des Trois Leçons des Ténèbres de François Couperin. Deux voix de ténor/deux voix de soprano et la basse continue y déclament le grand poème lyrique de la destruction de Jérusalem, alternant avec les répons de la liturgie romaine de plain-chant. À l’heure du crépuscule, le passage de la lumière à l’obscurité se fait naturellement dans la contemplation de cette musique suspendue à l’éternité.